Sophie Koenig – Huiles sur marbre et corail
SOPHIE KOENIG – HUILES SUR MARBRE ET CORAIL
Tout commence par un déclic. Et comme nous sommes là dans le marbre et dans le corail, il fallait une première pierre. Celle de Sophie Koenig était comme abandonnée dans une rue près du boulevard Saint- Germain, à Paris. C’était il y a quelques années. Elle tombe en arrêt, pleine « d’attendrissement » devant cette « vieille pierre qui allait servir à la rénovation d’un monument ».
Au bout de 15 jours, comme la pierre n’avait pas bougé, Sophie Koenig l’a transportée dans son atelier. « J’ai fait une peinture dessus. Cela m’a plu. Il y avait là, la matière et l’ancienneté, des traces, des marques, une identité ».
C’est à partir de ce moment que la plasticienne se décide à creuser la matière. Revenue au pays depuis cinq ans, après 30 ans passés, « dans le milieu artistique à Paris » – dont des études à l’Ecole du Louvres – elle se rend à l’évidence.
« Le basalte d’ici est trop dur. Il ne prend pas la couleur ». D’où sa question : où trouver des pierres blondes ? D’où l’impulsion pour travailler sur du marbre et du corail. Pour cela, elle s’est pliée à la valse des autorisations qu’il faut demander au ministère. « C’était à l’époque où l’on fermait les carrières de corail », se souvient- elle. Compliquant ses démarches. C’est un mécène, « qui avait sur sa propriété des blocs de corail », qui les lui cèdent. Puis, c’est dans la démolition d’une maison coloniale qu’elle trouve un bloc de marbre.
« Cela devait être dans la structure de la varangue. On y voit encore les traces de pas. » Une fois le matériau brut trouvé, il faut encore le faire tailler, puis polir.
« C’est une idée mûrie sur cinq, six ans », précise Sophie Koenig. Vient enfin le moment où elle peut enfin s’exprimer.
Aline GROËME- HARMON L’express
Sophie Kœnig, peintre abstrait, propose Intériorités, une seconde exposition depuis son retour au pays natal, qui ouvre ce soir à la galerie Imaaya jusqu’au 19 décembre. Après trente ans de vie parisienne, elle était revenue au pays où elle a trouvé dans une ruine de corail, le matériau de prédilection qui servirait désormais de support à son expression…
Après l’exposition de 2009, Sophie Kœnig revient avec treize pièces de formats relativement grands, le plus souvent panoramiques, parfois carrées, que ses couleurs nuancées et délicatement posées épousent avec bonheur. Pas de corail blanc, une pièce mise à part, mais essentiellement ce corail beige voire légèrement rosé, à la texture douce et accidentée, constellée de minuscules petits trous et de canaux irréguliers. À la manière des artistes de l’antiquité qui ont légué les principaux témoignages de leur époque gravés ou peints pour l’éternité dans la pierre ou le marbre, Sophie Kœnig fixe ses couleurs sur des plaques minérales dont elle laisse toujours apparaître la matière en guise de cadre par de larges bordures. Le contraste en est heureux et frappant, entre la porosité de ce support étonnant qui fut animal tout en ressemblant aux végétaux, et la peinture lissée qui semble s’inscrire dans le prolongement d’une tradition coloriste magnifiée par Nicolas de Staël. Ces compositions montrent qu’elle entretient à travers son expression une vie intérieure sereine, où la spiritualité et la méditation ont une place de choix.